Guy Phelip, feuillardier du Périgord
Mon voyage dans le Périgord noir m’a permis de rencontrer monsieur Guy Phelip, paysan de profession à la retraite à Tamniès (24620).
Cet homme de la terre reste toujours actif malgré ses 73 ans, il n’est jamais en reste. Ses valeurs humaines nous emmènent comme un
livre ouvert découvrir sa région, son patrimoine culturel et son métier qu'il continue à exercer, feuillardier. Tout démarre par la construction
d'une cabane au milieu des châtaigniers pour se protéger du soleil ou du mauvais temps.
Un métier très peu connu car aucun diplôme n’existe, malheureusement en voie de disparition. Il s’apprend de génération en génération,
comme Guy l’ayantappris depuis de son plus jeune âge observant son père. Le métier consiste à fabriquer le cerclage en tonnellerie avec
des tiges de jeunes châtaigniers de 4 ans environ.
Les feuillards, ces longues lattes de bois en forme de cercle sont aujourd’hui utilisées pour la décoration des barriques de crus des plus prestigieux
mais servaient autrefois à les protéger durant leurs transports.Guy reste fidèle aux traditions ancestrales, tout est manuel en commençant par ses
outils, la hache, la serpe, la plane, le coutre et l’ambine et son fameux Opinel dont il ne se sépare jamais. Ses outils appartenaient déjà à son père,
à son grand père, il en garde un immense respect.
Les jeunes tiges, les ”barres” sont choisies avec soins dans les taillis de châtaigniers entre la descente et la montée des sèves et renouvelées tous
les 4 ans environ. D’un geste précis la coupe se fait à la hache, les tiges sont ensuite ébranchées avec minutie à la serpe puis fendues en deux trois
ou quatre selon l’épaisseur du feuillard. Après être lissé à la plane, le feuillard de châtaignier (longue latte de bois) grâce à sa souplesse passe dans
une cintreuse écrasant ainsi les fibres lui donnant sa forme finale circulaire.
Guy Phelip évoque son métier avec passion qu’il transmet inévitablement dans les écoles ainsi qu'aux Jardins panoramiques de Limeuil.
Poète à ses heures perdues assis à l’ombre d’un châtaignier, il fabrique en quelques minutes avec un simple morceau de bois un pipeau,
un sifflet, des boucles d’oreilles, un collier …
Une rencontre des plus atypiques, des plus émouvantes également que je n’oublierai pas de sitôt.
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